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Titre : Blog
Auteur : Jean-Philippe Blondel
Date : 2010
Nombre de pages : 114

  • L’intrigue

Alors qu’il découvre que son père a lu son blog en secret, le narrateur  un jeune adolescent de 15 ans décide de ne plus lui adresser la parole. Il se sent trahi, dépossédé de son identité.

Pour tenter de se racheter, son père décide alors de lui faire découvrir sa propre adolescence à lui, à travers un vieux carton dans lequel se trouve toute sa jeunesse.

  • Ce que j’en ai pensé

Ma « découverte » de la littérature jeunesse commence fort, avec un excellent roman de Jean-Philippe Blondel. Je pense que je ne pourrais jamais dire assez à quel point j’adore cet auteur. C’est vraiment ma plus grande découverte de l’année 2012.

C’est simple, je me garde son dernier roman adulte sous le coude, je patiente avant de le lire pour le déguster….(un jour prochain, je vais me jeter dessus).

En attendant, je trompe l’attente avec donc un autre de ses romans, paru chez acte-sud-junior (branche d’acte sud que je découvre!).

Si la couverture ne me plait pas trop, j’aime toujours autant le format d’Actes Sud, ainsi que la façon dont la quatrième page de couverture est présentée : cela change et donne un petit côté sympathique en plus!

C’est un roman assez court (comme d’habitude avec Blondel, c’est toujours trop court), qui nous parle de l’adolescence.

C’est un garçon, tout juste sorti de l’enfance est qui est entrain de devenir un jeune homme qui se sent trahi. Son père a lu son blog et le suit avec attention.

Et on sait à quel point on est susceptible à cet âge là! Tout nous parait sûr, définitif, on est persuadé tout d’abord d’avoir raison et surtout de ne jamais changer d’avis. On pense que dire qu’on est trompé est une marque de faiblesse. Surtout par rapport à ses parents.

Et bien évidemment en adolescent qu’il est, il décide de ne plus adresser la parole à son père. Un serment solennel qu’il a bien l’intention de tenir pendant les premières heures et de moins en moins dans les jours qui viennent…Mais c’est la fierté qui le retient de franchir le premier pas.

Ce que je trouve très drôle ( et le père du narrateur est d’ailleurs d’accord avec moi) c’est l’absurde de la situation. Son côté contradictoire. Le garçon poste sur internet toute sa vie privée, ses aspirations  et la terre entière, ou bien presque peut le lire et cela ne semble pas le déranger plus que cela. Mais quand il apprend que son père a osé le lire, il s’en offusque.

Je trouve cela très drôle.

C’est donc une belle histoire que son père tente de faire partager à son fils, sa propre jeunesse, ses propres rêves et déceptions, ses premières aventures amoureuses, ses premiers amis…C’est émouvant ce père qui s’offre de faire découvrir le début de sa vie à son fils.

Comme d’habitude, j’y retrouve cette notion du temps qui passe. Du jeune qui avait des tas et des tas de rêves et qui finit par se rendre compte qu’il ne pourra certainement pas tous les réaliser et que la vie (avec ses avantages et ses inconvénients) prend le dessus. Je le retrouve dans chaque roman de Blondel, ce sentiment de la vie qui passe.

L’autre aspect qui m’a beaucoup plu, c’est tout ce qu’il dit sur les blogs. Comme j’en tiens un et que je connais beaucoup de personnes qui le font aussi, j’ai trouvé cela très intéressant.

On le voit passer par les différentes étapes du blog : en créer un, parce que tous ses camarades de classe le font, mettre juste des photos et des commentaires plein le LOL et de MDR et de smileys à tout va.
Puis, alors que 90% abandonnent, lui commence à se prendre au jeu, à devenir un peu plus sérieux, à faire attention à l’orthographe et essayer de mieux écrire. Il choisit des thèmes qui lui semblent très beaux et importants, mais qui sont ridicules et qui le feront rougir des années plus tard….il se cherche, dans ses thèmes et son style.

Et puis, un jour, il finit par trouver le rythme, les tournures de phrase. Il est lancé.

Et un autre jour (des semaines, des mois ou bien des années plus tard), il arrête. Et il se rend compte qu’il se sent plus libre, une fois qu’il a arrêté, que son blog n’avait pas d’aspect obligatoire.  Et même si cela lui manque, il ne va pas le rependre. Parce qu’un blog, c’est du temps, beaucoup de temps même. Et qu’écrire, ce n’est pas toujours facile, surtout si c’est sa vie qu’on raconte.

Je pense que tout blogueur passe par ces phases là à un moment donné (peut-être pas par la phase MDR pour les plus âgés!).
Moi, en tout cas, je me suis reconnue. Même si un blog littéraire reste tout de même plus discret qu’un blog sur la vie du blogueur, j’ai parfois beaucoup de mal à faire des critiques, à avoir l’envie de m’occuper de mon blog, à prendre le temps de faire un brouillon et de mettre sur papier/écran tout ce que je veux dire.

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Ce fut donc un beau roman sur le partage et la communication entre les êtres humains et tout particulièrement entre un père et un fils. Je le conseille.

  • Extrait

Et puis soudain, hier, dans la nuit, mon verre d’eau à la main, dans la cuisine endormie, en humant les odeurs du jardin par la fenêtre ouverte, mon coeur s’est serré comme jamais à l’idée qu’un jour, dans un avenir bien plus proche que je ne voulais l’admettre, j’allais quitter ce lieu. Qu’après, il y aurait une vie à inventer, des ponts à construire, des territoires à explorer. Loin d’ici.

Moi et la littérature jeunesse