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Titre : Plus grands que l’amour
Auteur :
 Dominique Lapierre
Date : 1990
Nombre de pages : 444

  • L’Intrigue

Début 1980, plusieurs médecins découvrent avec terreur l’apparition d’une sorte d’épidémie, qu’ils ne peuvent pas enrayer et qu’ils ne comprennent pas.

Les malades, souvent des adultes jeunes se retrouvent immunodépressif et meurent de maladies rares ou d’une grippe.

On finit par lui donner un nom : le syndrome d’immunodéficience acquis ou encore le sida.
Rapidement plusieurs médecins et chercheurs vont collaborer pour essayer d’enrayer et trouver un remède à ce terrible virus, qui touche de plus en plus de monde à une vitesse folle.

 

  • Ce que j’en ai pensé

J’ai tellement de livres dans ma liseuse que je ne sais tout simplement plus trop où donner de la tête et comment choisir ma lecture suivante. C’est un peu par hasard et dans le but de faire un certain vide que j’ai choisi ce roman.

Et franchement, j’ai eu la main heureuse!
Il ne s’agit pas de ma découverte de l’auteur. J’avais déjà lu La Cité de la joie (dont je ne me souviens presque plus…celui-ci m’a donné envie de le relire!) et Ô Jerusalem qu’il avait écrit en collaboration avec Larry Collins, que j’avais beaucoup aimé.

J’étais donc décidée à laisser sa chance à ce roman et voir venir. Le thème m’a paru vraiment intéressant, je me suis lancée et j’ai passé un très bon moment de lecture, que je continuais dès que je pouvais. Il a même accompagné mon déménagement!

Et encore une fois, la richesse des romans de cet auteur se trouvent dans le foisonnement de détails, d’explications, de retranscriptions, autour d’un phénomène en particulier. On suit, pas à pas, la découverte de cette terrible maladie, les premiers cris d’alarme, les premiers pas de la sciences, jusqu’au premier « médicament » pour en stopper la progression.

Quel travail de titan ce roman a du être!! Tous les interviews et les recherches qu’il a effectué, je n’ose pas imaginer le temps que cela lui a pris.

J’ai aimé comprendre plus en détail comment ce virus fonctionnait (mes cours de terminal S commencent à être loin) et surtout, comment le premier médicament avait été trouvé et ce qu’il faisait exactement. Non pas soigner, mais juste retarder le développement du virus.

Rappelons que le sida découvert donc en 1981 a fait jusqu’à maintenant environ 35 millions de morts de part le monde.
De grands progrès ont été fait, des médicaments, des remèdes, des solutions pour prolonger les vies et empêcher la transmission, mais nous n’avons toujours pas de guérison de sida, juste un accompagnement. 

De plus, il existe encore beaucoup d’exclusion et de stigmatisation envers les malades. Et ces dernières années, la société a tendance à se reposer sur ses lauriers et à moins craindre et penser à cette maladie, ce qui est extrêmement dangereux. 

C’est un véritable hommage aux hommes de l’ombre que Dominique Lapierre fait : les médecins, les aides-soignants, les chercheurs…
Toutes ses personnes qui ont aidé à contribuer à la recherche, qui sont allés soulager et aider ces malades que tout le monde fuyait, qui se sont enfermés des heures pour essayer de trouver enfin un vaccin ou au moins un médicament…

Mais on assiste aussi aux « bagarres » entre scientifiques et chercheurs, à la course vers la découverte du virus, plus par goût de la victoire que par l’envie d’aider les malades (c’était assez spécial cela quand même…la mauvaise foi de ce centre et de ce patron américain face à la découverte du petit groupe de français), les laboratoires et les politiques frileux…et surtout la peur.

Au début, cette maladie ne touchait qu’une population restreinte et montrée du doigt : les homosexuels, les toxicomanes…on l’appelait d’ailleurs la « maladie des pédés » (comme c’est élégant) et une grande partie de la population au pire voyait cela comme une punition divine, au mieux s’en moquait complètement.

Mais cela a commencé à toucher d’autres types de personnes : ceux qui avaient reçu des transfusions, des enfants, ou des hétérosexuels. La vitesse de propagation et de décès a commencé à paniquer toute la société, les médecins compris.

Dominique Lapierre rapporte également qu’on abandonnait les malades à l’hôpital, les laissant mourir sans médicament, en déposant les plateaux repas devant la porte par peur de la contagion.
Je peux essayer de comprendre cette peur à l’époque où on avait aucune idée de comment cette terrible maladie se transmettait…mais tout de même, je trouve cela hallucinant de la part de médecins.

J’ai eu un peu de mal à comprendre le lien entre l’ordre de Mère Teresa, le petit moine paralytique et la découverte du sida, mais je me suis bien dit qu’il allait finir par y avoir une explication et j’ai attendu patiemment. Finalement ces quelques chapitres loin du sida faisait du bien dans le récit, comme une petite pause de temps à autre dans l’horreur. J’ai découvert l’étendue du travail de Mère Teresa avec plaisir.

Cela m’a d’ailleurs bien fait rire, quand les médecins ont du expliquer aux petites sœurs de la Charité qu’elles ne pouvaient pas traiter les malades américains comme leurs mourants d’Inde. Qu’ils avaient le droit et des accès aux soins et qu’il fallait essayer de les sauver et non pas juste les accompagner à mourir.

Finalement, mon plus grand et unique reproche à ce roman est son titre que je trouve mièvre et culcul à souhait et tellement pas à la hauteur du récit, que je ne comprends vraiment pas le choix de celui-ci. Je reste assez perplexe face à ça, soyons honnête.

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Une belle surprise donc, un roman passionnant qu’on ne peut s’empêcher de dévorer, de décortiquer et qui en plus de nous divertir, nous apprend énormément de choses qu’il est bon de rappeler de temps en temps.

Si vous voulez mieux comprendre la maladie du Sida et sa découverte, je ne peux que vous conseiller ce roman.

  • Extrait

-Dis donc Mike! lança-t-il avec la conviction de celui qui veut vraiment capter l’attention de son interlocuteur. Je crois que je viens de découvrir au cinquième un cas intéressant. Les collègues du service ont l’air de nager en plein cirage. Ils ont sur les bras un type d’une trentaine d’années. Il lui ont trouvé une éruption de champignons dans l’œsophage. Il n’a presque plus de globules blancs. On dirait qu’il a perdu toutes ses défenses immunitaires. Ça a vraiment l’air d’être un truc pour toi. Tu devrais aller voir. Chambre 516.
Michael Gottlieb enfila sa blouse blanche. Il était environ neuf heures du matin le lundi 6 octobre 1980. L’aventure médicale la plus spectaculaire des temps modernes venait de commencer.