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Titre : Mon Amérique
Auteur : Jim Fergus
Date : 2013
Nombre de pages : 304

  • L’Intrigue

Jim Fergus rassemble en un seul ouvrage plusieurs années de balades et de chasses à travers les Etats-Unis.
Saison après saison, il nous parle de son amour de la nature, de ses parties de chasse, tout en nous décrivant les différents paysages et situations des états qu’il parcourt en long et en large.

  • Ce que j’en ai pensé

Début août, j’ai choisi ce roman au hasard dans ma liseuse, heureuse de découvrir qu’il s’agissait d’un roman de nature-writing, un genre que j’affectionne de plus en plus, depuis ma découverte de Wild.

J’avais acquis ce livre un peu par hasard, à cause du nom de l’auteur. J’avais adoré Mille femmes blanches et j’étais curieuse de découvrir un autre de ses récits.

Globalement, j’ai trouvé ce que je cherche dans ce genre de récit nature-writing : un récit de voyage, un dépaysement, des descriptions à couper le souffle et donner envie de partir, bref, un véritable voyage sans bouger de chez moi. Ce fut donc une bonne lecture, que je reprenais avec plaisir et que j’ai aimé jusqu’au bout.

Par contre, un élément assez important m’a posé un énorme problème : la chasse.

Je le rappelle, le métier de Jim Fergus est journaliste de chasse (il y a un autre terme avec le mot sport dedans dont je ne parviens pas à me rappeler la teneur exacte, mais bon, l’idée générale est qu’il fait des voyages ou il chasse et pêche et qu’il vend ces récits à un journal de chasse). On le voit donc chasser et pêcher à travers les différentes saisons les différentes espèces.

C’est certainement hypocrite de ma part, je m’en rends compte, puisque je mange régulièrement et de la chair animale et des productions animales, mais j’ai une aversion envers la chasse comme sport. Parce que cela reste tout de même ni plus ni moins une tuerie, la pratiquer et tuer soi-même. Non?
Jim Fergus aime la nature, aime les animaux. Cela se sent dans ce texte, dans ses descriptions, dans ses pensées…on le voit, il arrive à nous faire partager ses émotions face à des paysages, des visions d’animaux…
Mais comment peut-il concilier cet amour de la nature et des animaux tout en prenant plaisir à les chasser et les abattre?

C’est quelque chose qui me dépasse, je dois l’avouer. Qu’on mange de la viande parce qu’on aime ça, que c’est culturel dans la société occidentale, qu’on ne s’est jamais posé la question de faire autrement, d’accord…mais qu’on prenne du plaisir à aller abattre un animal (pour le manger après certes!), que cela soit de notre fait et de notre main…c’est peut-être moins hypocrite que d’aller acheter son poulet sous vide, mais bon…je n’arrive pas à voir le plaisir là-dedans. Autant se promener tranquillement dans la nature et observer si on l’aime.

Par contre, j’ai aimé connaitre les différents aspects du droit à la chasse : les restrictions de certaines espèces, la chasse ouverte seulement quelques semaines dans l’année, le droit de ne tuer qu’un certain nombre de bêtes, ce que les différents états font pour l’environnement avec l’argent des permis de chasse…

Comme je n’y connaissais rien, j’ai apprécié en savoir un peu plus. Bien évidemment, Jim Fergus étant pro-chasse, il nous argumente le tout pour que la chasse paraisse bénéfique ou au moins nécessaire, par rapport à l’équilibre de la faune et de la flore, en nous expliquant également que l’agriculture et les entreprises polluantes font bien plus de dégâts que les quelques chasseurs, ce que je peux parfaitement concevoir et qui me semble tout à fait logique.

C’est également un récit sur l’amitié qu’il nous écrit, amitié passagère entre différents chasseurs, amitié profonde avec certains.
J’ai bien aimé le voir partager ces moments avec d’autres écrivains (cela m’a d’ailleurs donné envie de retenter Rick Bass, que j’avais commencé à un mauvais moment et abandonné) de nature-writing américain.

Les paysages et les moments de balade qu’il nous partage sont absolument à couper le souffle. On a vraiment l’impression d’y être, de partager ses instants et de profiter de cette immensité. Les Etats-Unis ont la chance d’avoir des énormes forêts et parcs naturels, riche d’une bio-diversité incroyables et ils feraient bien de tout faire pour la préserver un maximum.
On voit également les différentes saisons avec des climats différents, dont la neige, qui l’hiver me manque beaucoup en région parisienne.

Ce que j’ai également beaucoup aimé, c’est qu’il ne se contente pas juste de parler de la nature et de ses balades de chasse, mais aussi des villes qu’il traverse, des difficultés de l’Amérique rurale oubliée de tous, des villages vides et morts, des conséquences de la surproduction agricole, des fléaux des produits chimiques…

C’est d’ailleurs un portrait très sombre qu’il dépeint, une Amérique vide et exsangue, sans travail, sans espoir ni véritable avenir en dehors des grandes villes, qui ne laissent plus de place et de temps à la nature et au laisser-aller. Une vie plus naturelle et plus simple qui semble de plus en plus loin et impossible.

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Un texte qui m’a donc plu, avec de magnifiques descriptions qui font voyager à travers toute l’Amérique.
Malgré l’aspect de la chasse qui m’a beaucoup gêné, j’ai passé un bon moment à parcourir les Etats-Unis auprès de Jim Fergus et de sa chienne et je le conseille comme récit de nature-writing.

  • Extrait

Une année, à la fin de septembre, mon ami Guy de La Valdène et moi avions chassé le choukar dans les ravins de la rivière Grande Ronde, dans l’est de l’Etat de Washington. C’était une région d’une indicible splendeur. De larges plateaux surplombaient des crevasses tortueuses, des collines ombragées se transformaient en montagnes, des rivières coulaient, minuscules, au fond de vertigineux canyons. Là-haut, à l’endroit où nous chassions, se déroulaient de vastes paysages ouverts où l’impression d’immensité vous serre l’estomac et vous donne des frissons au point que vous en éprouvez une sorte de malaise.