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Titre : L’Adversaire
Auteur : Emmanel Carrère
Date : 2000
Nombre de pages : 219

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  • L’intrigue

Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a assassiné sa femme, ses enfants, puis ses parents. Il a ensuite essayé de suicider, sans y parvenir en mettant le feu à sa maison.

La police se rend alors compte que la vie entière de cet homme est un mensonge : il n’est pas médecin, n’a jamais travaillé de sa vie et vivait en escroquant des membres  de sa famille. Cela faisait 18 ans qu’il mentait à toute la société, ses amis, ses parents et même sa femme.

Sur le point d’être découvert, il a préféré tué les membres proches de sa famille plutôt que d’avoir à s’expliquer. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, avec 22 ans de sûreté.

Emmanuel Carrère est entré en contact avec lui pour essayer de comprendre ce qui a bien pu le pousser à agir ainsi. Il en a fait un livre.

  • Ce que j’en ai pensé

Après avoir lu Le Royaume, j’ai eu très envie de lire un autre livre d’Emmanuel Carrère. Il a beaucoup parlé de L’Adversaire dans son essai, je ne connaissais absolument pas ce fait divers, étant beaucoup trop jeune aux moments des faits et du procès. Cela m’a beaucoup intriguée et j’ai eu envie d’en savoir plus et donc de le lire.

Je crois que j’ai été dégoûtée par ce livre. Vraiment. Je pense que je regrette même de l’avoir lu, tout en sachant qu’une fois commencée, j’ai eu du mal à m’en détacher (il y a peut-être cela aussi qui m’a mise encore plus mal à l’aise). Comme je l’ai dit, j’ignorais tout de cette histoire, c’est donc avec ce documentaire que je l’ai découverte dans son intégralité.

Je n’ai rien à dire sur l’écriture de l’auteur, c’est vraiment très bien.

J’ai trouvé qu’Emmanuel Carrère, tout en s’efforçant d’être neutre, s’efforçait tout de même à lui trouver des excuses, à chercher à comprendre ce qui a bien pu se passer pour en arriver là. Et cela m’a mise très mal à l’aise. Cet homme est un gros malade mental, un assassin lâche et méprisable.

Une chose est certaine, il est très difficile de rester « neutre » face à ce documentaire. Moi, je n’ai pas réussi. J’ai peur d’être très virulente dans ma critique.

Durant 18 ans, cet homme a menti. A ses parents, ses amis, sa femme, ses enfants. A tout le monde. Il mettait son « costume » de chercheur et de père de famille exemplaire tous les matins et tous les soirs. Il nageait en permanence dans le mensonge. Pour vivre, il escroquait les membres de sa propre famille en leur prenant leurs économies pour les faire « fructifier ».

Et durant la journée? Quand on le croyait en travail? Rien. Le néant en fait. Il se promenait, il zonait dans des hôtels, des cafés, il lisait. Il ne vivait pas, il ne faisait rien. Il attendait. De reprendre enfin son rôle. Il n’était rien.

Cet homme n’avait aucune vraie personnalité, tout était un déguisement et je pense que c’est encore le cas.

Cet homme est passé finalement avec bien de facilité du rôle « médecin prestigieux/ père de famille et mari aimant » à celui de « pécheur coupable et repentant ».
Je pense que c’est vraiment ce qui m’a dégouté le plus. Il ose parler de repentir, de tristesse, d’amour du Christ, tout ça parce qu’on lui amené sur un plateau d’argent ce nouveau rôle. Il suffit de l’écouter lors du procès, où de lire ses lettres. Tout n’est que à propos de lui, de sa douleur, de son chagrin, de son destin. Cet homme est tellement auto-centré, tellement content qu’on s’occupe de lui, qu’on s’interresse à lui, que j’ai à peine l’impression qu’il se rend compte de ce qu’il a fait.  Ses crimes sont juste une autre manière de le mettre en valeur comme avant son « métier » à l’OMS.

Etant croyante, je crois au pardon absolu de Dieu. Encore faut-il réellement se repentir. Pour moi, ce procès, cette nouvelle manière d’être, ces belles lettres et paroles, c’est une mascarade.
Une mascarade d’un homme très malade qui ne sait plus vivre sans mensonges. Qui n’a plus d’identité depuis tellement longtemps qu’elle est perdue. C’est dans un centre psychiatrique qu’il devrait être. Il est clairement très malade.

Et de savoir que cet homme va certainement sortir l’année prochaine (fin des 22 ans de sûreté), vu son comportement exemplaire en prison, cela me rend encore plus mal à l’aise.

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Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce roman. C’est sans aucun doute bien écrit, passionnant, on veut savoir ce qui s’est passé, mais il m’a mis tellement mal à l’aise et en colère que je n’arrive certainement pas à le juger à sa juste valeur. Il n’aurait pas dû être écrit à mon avis, c’est encore donner trop d’importance à cet homme.

  • Extrait

Il doit être ravi, non, que tu fasses un livre sur lui? C’est de ça qu’il a rêvé toute sa vie. Au fond il a bien fait de tuer sa famille, tous ses vœux sont exaucés. On parle de lui, il passe à la télé, on va écrire sa biographie et pour son dossier de canonisation, c’est en bonne voie. C’est ce qu’on appelle sortir par le haut. Parcours sans faute. Je dis : bravo.