Étiquettes

, , , , , , ,

Titre :  Dites aux loups que je suis chez moi
Auteure : Carol Rifka Brunt
Date : 2012 (2015 en France)
Nombre de pages : 493

IMG_2792

 

  • L’intrigue

Aux Etats-Unis dans les années 1980, June est une jeune fille très réservée et vit une vie solitaire entre une grande sœur parfaite et des parents écrasés par le travail.

Heureusement, elle a son parrain, Finn, un peintre connu qui habite à New-York. Elle est en admiration devant son oncle et veut passer tout son temps avec lui, puisqu’il est le seul à vraiment la comprendre.
Mais Finn est très affaibli par le sida et meurt. June commence alors à se lier d’amitié avec Toby, le compagnon de son parrain.

  • Ce que j’en ai pensé

Je remercie les Editions Buchet Chastel et Babelio pour l’envoi de ce livre. C’est avant tout le résumé qui m’a donné envie de lire ce roman. De plus, en voyant que la maison d’édition était Buchet Chastel, j’ai été encore plus confortée dans mon idée de le lire (j’aime bien le catalogue de cette maison d’édition).

Ce fut une belle découverte, une lecture agréable, sans le moindre doute et je suis ravie d’avoir pu découvrir ce roman (sans Babelio, je pense que je serais passé à côté!).

Ce roman va et vient entre le présent et les souvenirs que June a avec son parrain ou sa famille. Le style de l’auteure est agréable à lire, rien à dire de ce côté-là.
C’est un roman sur une famille et un roman d’apprentissage, sur la manière dont June passe du stade d’enfants au stade d’adolescent, en entrant de plein pied dans le monde compliqué et hypocrite des adultes.
Tout ce que j’aime en somme!

Pourtant, j’ai eu quelques difficultés à entrer dans le roman. Je pense que c’est à cause du personnage principal, June.
J’avais un peu envie de lui mettre des claques à cette jeune fille, tellement elle m’agaçait au début! Après, j’oublie facilement qu’elle n’a que 13 ans, qu’on est très centré sur soi-même à cet âge-là et qu’on est très certainement un peu (beaucoup) stupide, à s’inventer plein d’histoire en couleurs.

Cela m’a d’ailleurs fait penser à une phrase de Joyce Maynard dans son roman L’Homme de la montagne » : Les filles de treize ans vivent dans deux mondes séparés. Citoyennes de ces deux mondes aussi différents l’un de l’autre que, par exemple, la Croatie et la Papouasie Nouvelle-Guinée, Mercure et Saturne, elles circulent entre eux avec autant de facilité qu’entre les deux rives du Golden Gate Bridge, quand ce n’est pas l’heure de pointe, ou entre North Beach et la Cité de la Splendeur matinale. 

Je l’ai donc trouvé assez pleurnicharde, imbue d’elle-même et aveugle à ce qui l’entoure. Voilà, ça c’est dit!

C’est vers le milieu du roman que j’ai vraiment réussi à rentrer dedans et à apprécier ma lecture, au point que cela est devenue une lecture agréable et j’ai dévoré les 200 dernières pages en m’empêchant de regarder en avance!

J’ai beaucoup aimé le thème principal du roman.

Je crois bien que c’est d’ailleurs la première fois que je lis un livre traitant du sida, particulièrement le tout début de la médiatisation de cette maladie.
En 1980, on commençait à peine à en entendre parler, on pensait que cela touchait surtout les homosexuels, on ne savait pas comment cela attrapait, comment s’en protéger et c’était une maladie mortelle qu’on ne pouvait pas ralentir. Une maladie de la honte, puisque cela incluait le fait que le malade était forcément homosexuel ou drogué.

C’était donc passionnant d’être transporté à cette époque.

[Attention, je dévoile certains éléments de la suite]

J’ai beaucoup aimé aussi suivre l’évolution de June par rapport à sa famille et surtout par rapport à sa sœur Greta. Si le lecteur peut avoir du mal à apprécier aux premiers abords le personnage de Greta, j’ai fini par beaucoup l’apprécier et surtout la prendre en pitié. Jeune fille parfaite, ayant des facilités dans tout ce qu’elle fait, elle doit toujours se montrer à la hauteur de tout, se surpasser toujours. Pas facile d’être une simple adolescente dans ces cas-là! Ses parents n’ont absolument pas remarqué qu’elle perdait totalement pied (ce qui d’ailleurs n’est absolument pas réglé à la fin du roman…)

June, elle, moins belle moins parfaite, solitaire et silencieuse a plus de mal à percer. Mais soyons honnête, elle n’essaye même pas. Elle reste prostrée dans son univers, refuse tout contact extérieur, refuse d’aller au devant des gens et préfère nettement passer du temps avec son parrain ou les souvenirs de son parrain.

C’est là où je trouve que et les parents et le parrain ont fait une grave erreur d’éducation. Il fallait la pousser dans le monde où tout au moins bien lui faire comprendre que Finn ne lui appartenait pas et qu’elle devait aller voir ailleurs. Elle finit d’ailleurs par le comprendre, en faisant plus ample connaissance avec Toby : elle n’était pas la seule personne dans l’existence de son oncle, elle n’était pas la préférée, celle qui savait tout. Je pense que cela lui a permis de redescendre sur terre et de grandir. Le monde des adultes est loin d’être tout rose, mais il est tout de même plus intéressant. Comparer la June du début et de la fin est assez révélateur : elle a pris de l’assurance, elle réfléchit un peu plus et fait de meilleurs choix. Elle a compris où se trouve l’essentiel.

La fin est très belle je trouve, très douce. Une belle conclusion à un beau roman!

   ————————————-

Je remercie encore une fois les éditions Buchet Chastel et Babelio pour l’envoi de ce livre. Ce fut une lecture vraiment agréable, intéressante, avec un thème que j’ai rarement vu dans les romans. Un premier roman d’une auteure prometteuse!

  • Extrait

Je me demandais vraiment pourquoi les gens faisaient toujours des choses qui ne leur plaisaient pas. J’avais l’impression que la vie était comme un tunnel de plus en plus étroit. A la naissance, le tunnel était immense. Toutes les possibilités vous étaient offertes.
Puis, la seconde d’après, la taille de ce tunnel était réduite de moitié. On voyait que vous étiez un garçon et il était alors certain que vous ne seriez pas mère, et probable que vous ne deviendriez pas manucure ni institutrice de maternelle. Puis vous commenciez à grandir et chacune de vos actions rétrécissait le tunnel.