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Titre : Les New-Yorkaises ( vo : Twilight sleep)
Auteur : Edith Wharton
Date : 1927
Nombre de pages : 318

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  • L’intrigue

Pauline Manford est une femme d’une cinquantaine d’année qui n’a pas une minute à soi, tellement son emploi du temps est surchargé. C’est à peine si elle a le temps de voir sa famille.
Lita, la jeune épouse de son fils est tout le contraire : futile et paresseuse, elle n’a aucun emploi du temps et fait ce qu’il lui plait quand elle lui plait au grand désespoir de la famille.

Et entre les deux, se trouve Nona, la fille de Pauline. Âgée de 20 ans, elle est sérieuse et amère, n’arrivant pas à déterminer la façon dont elle voudrait vivre sa vie.

  • Ce que j’en ai pensé

Pour le mois de juin au Club des Lectrices, le thème était Les Etats-Unis. J’ai donc proposé une valeur sûre avec la romancière Edith Wharton (en croisant les doigts que personne ne l’ait lu le roman Les New-Yorkaises), qui a été à ma grande joie acceptée.

Et je ne l’ai pas regretté. J’ai passé un bon moment avec ce roman! J’aime vraiment beaucoup cette auteure, dont la plume est tellement élégante, fine et ironique, que c’est un véritable plaisir de la lire!

Je l’avais découvert une première fois avec Le temps de l’innocence, qui est un roman absolument magnifique. Je le conseille vivement, ainsi que le film.

Ce sont des années particulières aux Etats-Unis. Les mœurs changent, sont bouleversés, on découvre une relative liberté de mouvements de pensées et ceux qui ne s’adaptent pas restent sur le carreau (comme Arthur Wyant par exemple). Le règne des vieilles familles ancestrales et surpuissantes est toujours présent, mais perd de la vitesse. On autorise de plus en plus de choses, impensable 20 ans auparavant (comme le divorce).

Dans ce roman, il y a trois personnages féminins assez caricaturaux :

– la femme vieillissante qui voudrait saisir le temps et qui mène une vie trop rapide tout en cherchant sans cesse à se détendre
– le jeune fille de moins de 20 ans qui est déjà déçue et amère par ce que la vie a à lui offrir
– la jeune femme superficielle et très belle qui a fait un mariage avantageux et qui s’ennuie dans le rôle de mère au foyer.

J’ai bien aimé ces trois femmes, qui ont toutes les trois de grosses faiblesses, mais qui m’ont toutes émues à un moment donné, avec une nette préférence pour Nona, qui est celle que je parviens à comprendre le mieux.

Pauline et Lita sont particulières…je ne pouvais pas les supporter souvent, j’avais envie de leur coller des claques presque tout le temps. L’insouciance et l’égoïsme de Lita était parfois abominable. Pouvoir divorcer est une chose fantastique, mais le prendre à la légère comme elle le fait, c’est lamentable.

L’hypocrisie de Pauline est admirable (il va loin quand même, j’ai été assez impressionnée parfois!), mais est également fatiguant, tellement elle arrive à se convaincre elle-même de sa bonne foi. Alors bon, l’amertume de Nona, à côté, ce n’est rien et cela lui passera.

Tout est très conforme, je n’ai pas eu de grande surprise avec ce livre, je dois avouer que je savais exactement ce que j’allais y trouver. Et c’est aussi en partie cela que j’ai aimé dans ce roman. Je n’avais pas envie de lire un livre plein de rebondissement et de choses incroyables. La critique de cette société new-yorkaise que je connais, tranquille, pleine de verve et d’ironie où finalement rien ne change, cela m’a plu. Je me suis concentrée sur le style et ce fut un délice!

[Attention, je dévoile la fin]

Par contre, je n’ai pas réussi à comprendre l’intérêt de cette fin…à part que rien ne change jamais?
Il a beau se passer des choses terribles, on balaye tout, on fait passer cela pour un accident, on éloigne les fautifs et on part soi-même faire un petit voyage, histoire de se faire oublier et de laisser la ville passer au scandale suivant.

Tout cela pour sauvegarder l’honneur, pourquoi pas…mais aucune discussion franche, pas de face à face?
A la place de Pauline, j’aurais du mal à partir en vacances avec son époux…et à la place de Nona, j’aurais du mal à prétendre que tout va bien et qu’il ne s’est rien passer.

Mais bon…les humains sont très doués pour faire semblant de ne rien voir, afin de ne pas créer des vagues, donc on peut se dire que cette fin est logique et même juste. J’aurais tout de même préféré une explication plus détaillée.

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Un roman agréable, dont j’ai beaucoup aimé la lecture. cela fait du bien de lire un livre bien écrit comme cela! Juste un petit bémol pour la fin, qui gâche un peu le roman. Sinon, je le conseille vivement, mais pour les novices, je pense que Le temps de l’innocence est un meilleur moyen de commencer à lire du Edith Wharton.

  • Extrait

Elle avait cru que le renoncement signifierait la liberté…signifierait du moins l’évasion. Mais à présent elle ne signifiait plus rien d’autre qu’un plus grand enfermement en soi. 

critiquesABC201314 / 26