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Titre :  Les Echoués
Auteur : Pascal Manoukian
Date : 2015
Nombre de pages : 297

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  • L’intrigue

Virgil, Chancal, Assan et Iman n’ont presque rien en commun : différents âges, différentes nationalités…Mais une chose les rassemble : ils sont tous les quatre des clandestins arrivés illégalement en France en 1992.

Ensemble, ils vont essayer de survivre, de trouver un travail et de se faire une petite place dans ce pays dont ils parlent mal à langue, sans se faire attraper et renvoyer chez eux.

  • Ce que j’en ai pensé

C’est la chronique très originale de Lydie du blog Nos expériences autour des livres qui m’a donné envie de découvrir ce roman.
Je ne peux d’ailleurs que vous conseiller d’aller jeter un coup d’œil à son blog!

Je suis complètement passée à côté de la rentrée littéraire 2015 et je commence seulement à m’intéresser aux quelques romans qui surnagent plusieurs mois après…pourquoi pas, c’est une méthode qui marche!

Je l’avais donc réservé à la médiathèque de ma ville, j’ai pu le récupérer début janvier et je l’ai immédiatement lu. Et je suis très contente d’avoir suivi le conseil de Lydie, parce que c’est une très belle lecture importante à faire.

Il faut dire que j’ai dévoré ce roman en seulement une grosse après-midi. On se retrouve vraiment plongé dans le récit et on veut absolument savoir la suite.

C’est un thème difficile et compliqué, surtout en ce moment. Un thème qui ne laisse personne indifférent et qui soulève beaucoup de haine et de peur : les migrants.

J’ai aimé la manière de faire de Pascal Manoukian. Ce qu’il fait, c’est de nous raconter une histoire. Forcément, on s’identifie, on se plonge dedans.
Cette histoire, qui est en fait l’Histoire, nous rend plus visible, plus réelle la situation intenable des migrants de maintenant.

On suit avec passion les longs périples de nos personnages, on tremble pour eux, on se rend compte de leurs émotions, de leurs peurs, de notre regard d’Européens sur eux. On vit leur très long périple, les dangers multiples, leurs arrivées. Et on comprend que même la situation abominable chez nous est toujours mieux que ce qu’ils ont chez eux.

Autre chose assez intelligente de la part de Pascal Manoukian, les européens en question apparaissent à peine, de loin seulement, sauf pour une famille. Est-ce qu’ainsi il échappe à un côté « donneur-de-leçon : regardez comment vous traitez des êtres humains? » difficile à éviter? Je ne sais pas si c’est pour cela qu’on les voit à peine, mais j’ai trouvé cela intelligent. La plus grande partie des personnages sont exclusivement des migrants légaux ou pas.

La question qu’il faut se poser à présent est est-ce qu’un roman peut vraiment ouvrir les yeux des gens?
Pas juste rapidement, mais complètement, définitivement et donner envie de changer le monde, de le rendre meilleur?
Je me pose cette question depuis Le Règne du Vivant d’Alice Ferney, un autre livre très violent, qui force les lecteurs à se regarder -au moins durant la lecture– dans le miroir et à se dire « et moi quelle est mon opinion? »…
Mais est-ce que cela peut aller plus loin? J’aimerais bien. Et je pense que ce roman peut changer le regard qu’on a sur cette population.

Mais ce roman n’est pas un coup de cœur…Je dois dire que j’ai eu parfois un peu de mal avec le style et la manière de passer certaines idées : trop d’évidences qu’on nous rabâche en boucle en ce moment, une certaine forme de tragique qui déséquilibre le message je trouve…
Suis-je devenue trop cynique? J’avais lu une critique qui expliquait ce style pour empêcher le roman d’être trop désespérant et je dois dire que c’est une explication qui se tient. Parce que sinon…

Il n’y a pas vraiment d’espoir. Surtout que ce roman a lieu en 1192, soit il y a 23 ans…quand on compare avec la situation de maintenant, on ne peut qu’être désespéré.
La situation, au lieu de s’être amélioré a gravement empiré et n’est vraiment pas prêt de s’améliorer.

Je vous mets ici le lien vers une vidéo Migrants, mi-hommes de la Chaine Data Gueule, une chaîne que j’aime beaucoup et qui dissèque très clairement des thèmes de la société. Cette vidéo était très intéressante et nous montre comment on peut manipuler les opinions avec les chiffres.

Je n’ai pas énormément parlé de l’histoire en elle-même et des personnages dans cette critique je me rends compte…
Mon personnage préféré était Virgil sans hésiter, un homme exceptionnel, bon et droit malgré sa situation très difficile. Chancal était un peu en retrait par rapport aux autres, c’est dommage, j’aurais voulu en savoir plus sur son quotidien, des vendeurs de roses, on en voit beaucoup dans la capitale et on est très agacé quand ils viennent nous solliciter.
J’ai moins apprécié Assan et Iman.
Le roman se base surtout sur Virgil et Assan je trouve.

[Attention, je dévoile la fin]

J’ai trouvé la fin un peu trop je dois dire…trop désespérante, violente, irréelle même…est-ce que ce genre d’incident s’est vraiment produit? Est-ce que les syndicats ont vraiment pu obtenir ainsi des papiers et tout à des migrants à cause de ce genre d’accident? J’ai du mal à le croire je dois dire, mais je ne connais pas les lois et les procédures dans ces cas-là.

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Un roman qui est plus que jamais d’actualité et que tout le monde ferait mieux de lire pour savoir ce que c’est que d’être un clandestin.
Moi, à la fin de ma lecture, j’ai remercié le Ciel de ne pas être dans cette situation et très certainement mon regard a changé sur ce qui se passe en ce moment.

Un roman à lire donc et dont il faut se souvenir.

  • Extrait

Des bouts de paradis à l’eau turquoise et au sable fin, où chaque été des Blancs venaient s’allonger sur des serviettes de bain en rêvant de devenir un peu plus noirs. Et où des milliers d’Africains allaient bientôt s’échouer, le ventre gonflé d’eau en rêvant, eux, de devenir un peu plus blancs.