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Titre : Les Âmes mortes 
Auteur : Nicolas Gogol
Date : 1842
Nombre de pages : 498

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  • L’intrigue

Tchitchikov est un escroc qui tente de trouver une nouvelle arnaque dans une province de la Russie dans les années 1820.

Il arrive, avec ses deux domestiques dans une britchka et commence à rendre visite de manière très courtoise à tous les fonctionnaires et propriétaires des environs, notant attentivement tout ce qui les concernent.
Toute la ville commence à l’aimer, tant il est charmant et poli. Mais un jour, la stupeur frappe les gens : apparemment, il a demandé à acheter aux propriétaires une partie de leurs paysans, ceux qui étaient morts…

 

 

  • Ce que j’en ai pensé

J’ai lu ce grand classique au début du mois de février. Il s’agissait du roman de la book-jar du mois.

Ce fut ma découverte de l’auteur. Je dois dire que je n’avais aucune idée à quoi m’attendre…aussi bien niveau style que contenu. Le titre était assez intriguant, j’avais hâte de voir où l’auteur voulait en venir.

J’ai été assez surprise par le style. Je ne sais pas trop pourquoi, je m’attendais à un style plus proche de Tolstoï, de même pour l’ambiance. Et ce n’est pas ça du tout!
Le style était fluide et agréable, sans être lourd et classique. C’était bien plus simple à lire que prévu.

Il s’agissait apparemment d’un fait divers à l’époque. C’est l’auteur Pouchkine qui a donné l’idée à Gogol de l’exploiter pour en faire un roman. L’écriture de ce livre sera très long (environ 17 ans…donc vraiment très long!), où Gogol changera d’avis sur le message qu’il souhaite faire passer. Il ne l’achèvera d’ailleurs pas, la seconde partie ne nous est parvenue que sous forme de deux fragments incomplets.

Mon exemplaire est donc composé de ses deux parties et de deux préfaces, qui expliquent les différents contextes au moment de la publication.

Son idée première est d’en faire un récit très comique : On commence donc par le récit des mésaventures d’un petit escroc, avec en arrière-fond une critique de la médiocrité du genre humain, que cela soit des propriétaires ou des fonctionnaires.

Cela avait d’ailleurs fait scandale au moment de la sortie de la première partie, les lecteurs y ayant vu une grande critique sociale de leurs mœurs, en passant du servage à la corruption énorme parmi l’administration. Gogol était assez mécontent, puisqu’il ne voulait pas en faire un roman politique, mais comique.

Il y a donc énormément de thèmes : la grande paresse de la noblesse, qui laisse végéter ou détruit son héritage, la grande pauvreté et la bêtise des paysans, les grandes magouilles des fonctionnaires pour se faire plus d’argent et la logique des impôts qui forcent les propriétaires à payer une taxe sur les morts.
Il y a donc de quoi faire!

J’aime beaucoup le titre, très sobre et vraiment parfait.
Pour comprendre de quoi il s’agit, il faut savoir qu’en Russie, on disait « âmes » pour tous les paysans masculins. Pour connaitre la valeur d’une propriété, il fallait connaitre le nombre de paysans hommes (les âmes donc) qu’elle contenait et c’est ainsi qu’on calculait l’impôt foncier que devait le propriétaire.
Mais le problème était que les recensements n’avaient lieu que tous les 5 ans. Alors quand des paysans mourraient, ils figuraient toujours vivants dans les registres de l’Etat jusqu’au prochain recensement. Les propriétaires payaient donc un impôt sur des âmes mortes, parfois pendant plusieurs années.
De quoi être assez furieux…

Le héros, du nom de Tchitchikov a donc l’idée d’une arnaque au crédit foncier en achetant les âmes mortes aux propriétaires pour les revendre comme étant vivants à l’Etat.

J’ai trouvé cette première partie très agréable : en effet, on voit bien le comique de situation. Toute la ville adore cet homme uniquement parce qu’il est poli et flatteur et bien de sa personne, alors qu’elle ne sait rien de lui.
Ils ont tous des défauts comiques bien apparents : la luxure, la paresse, la gourmandise, la bêtise…Gogol a vraiment réussi à décrire des personnages haut en couleur, plein de contradictions.

Tchitchikov lui, tente donc d’acheter autant de morts qui possible. Son plan n’a pas l’air vraiment au point, il cafouille un peu. Je l’ai trouvé finalement assez attachant avec ses idées un peu farfelues et ses deux domestiques. Je n’avais pas envie qu’il lui arrive des soucis en fait!

Comme je l’ai dit plus haut, la deuxième partie est inachevée : elle n’est composée que de deux fragments. On y retrouve Tchitchikov qui parcourt une autre province avec toujours son idée d’acheter ses morts. Mais dans cette partie, il est plus actif, il ne reste pas seulement en retrait de la ville pour acheter ses âmes, on le voit interagir avec les affaires de ses hôtes.

On voit très clairement dans ces quelques fragments que Gogol a changé d’idée sur le message de son roman. Alors que la première partie est comique dans la dénonciation des mœurs, ici, on est dans une remise en question.  Tchitchikov rencontre des hommes bons (voir trop bons) et sages, qui essayent de le changer et de l’amener dans sur la bonne voie.

Cette partie est toute aussi intéressante, bien que partielle, même si les personnages font moins réels…trop de perfection, c’est nuisible! On voit que Tchitchikov est fatigué de courir partout, d’essayer de gagner à tout prix de l’argent et qu’il aimerait bien se poser et vivre tranquillement. Mais il en semble incapable.

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Ce fut donc une lecture agréable, une jolie surprise. Je suis contente d’avoir osé lire ce roman et d’avoir découvert cet auteur. Je ne sais pas si je peux vous le conseiller ( c’est toujours compliqué de conseiller un grand classique) mais je peux vous dire que le style était moins compliqué que je ne pensais et le récit intéressant avec des personnages haut en couleur.
Une belle lecture donc!

  • Extrait

– Mon prince, dit Tchitchikof, j’ai entendu dire, et je le crois, qu’on arrêterait plus facilement le cours du Dnièpre ou du Volga, que les caquets d’une petite ville.